Bonjour,
Nous avons visité le dimanche 14 novembre 2021 le centre historique minier de Lewarde avec notre association Les Amis de la Nature de Rouen.
Nous l’avions déjà visité avec nos deux filles en 2005.
La visite de Lewarde reste toujours intéressante. Néanmoins, nous nous devons de faire quelques remarques qui nous semblent être de nature à rendre la visite encore plus riche.
En 2005, nous avions démarré celle-ci par le parcours du mineur : salle des pendus, salle de la lampisterie puis déplacement dans les wagonnets qui nous amenaient à la cage-ascenseur qui nous descendait à moins 500 mètres. L’illusion était totale : notre fille qui avait des problèmes d’oreilles a réellement cru qu’elle était à moins 500 et elle se plaint de ses oreilles alors qu’elle n’était descendu que de … 3 mètres.
Le charme de cette visite de 2005 n’existe plus. Certes, la gestion du COVID rend les choses plus difficiles. Pour autant, le contrôle de la vaccination des visiteurs, la proximité des visiteurs dans les galeries (24 personnes par groupe avec 1 guide, regroupées sur 4 mètres, groupe nous précédant et nous suivant très proches) nous amènent à penser que le fonctionnement tel qu’il existait en 2005 pourrait être remis en place, rendant la visite beaucoup plus attractive en particulier et en premier pour les enfants.
Notre deuxième remarque porte sur le contenu de la visite : celle-ci nous semble terriblement raccourcie ; elle est essentiellement consacrée aux techniques d’extraction du charbon : on passe donc du début du 19ème, très escamoté (aucune trace du mineur à la bougie et du début des lampes) à la fin de celui-ci puis aux années 1930 en finissant par les années 1960, si nous ne nous trompons pas.
Mais l’histoire du centre HISTORIQUE minier ne devrait elle pas intégrer ce qui est fondamental quand on parle de la mine ET des mineurs : l’histoire des luttes sociales des mineurs qui ont jalonnées le 19ème et le 20ème siècle ? Mettre en parallèle les techniques d’extraction du charbon avec les conditions sociales et de travail des mineurs et de leur famille, la vie dans les corons et le rôle des femmes, d’une part, les luttes et grèves qu’ont menées les mineurs , luttes qui ont été à la base de l’amélioration de leurs conditions de travail, d’autre part, n’enrichirait il pas l’approche historique du Centre historique minier de Lewarde ?
Nous comprenons le fait que les anciens mineurs ne puissent, comme ils le faisaient encore en 2005, être guides et témoins. Le droit à la retraite est un droit fondamental, encore plus essentiel pour des métiers comme celui des mineurs ! Cependant, leur témoignage oral est une richesse. Intégrer des vidéos de ces anciens mineurs amènerait sans aucun doute de la vie et du sens humain à la visite.
La visite ne pourrait-elle pas intégrer les grèves des mineurs d’Anzin de 1833, celles des mêmes mineurs d’Anzin en 1884 , support du livre de Zola « germinal », les grèves en 1892 des mineurs de Carmaux, celle de 1906 après la terrible catastrophe de Courrières , les grèves des mineurs en 1941 contre l’occupant nazi, de 1947-1948 réprimées férocement par le ministre de l’intérieur de l’époque, Jules Moch , la grève générale de 1963 sous la présidence du général de Gaulle et enfin la plus longue , celle du bassin houiller d’Alès qui dura du 5 mai 1980 au 10 juin 1981.
Pour résumer, la visite nous semble considérablement déshumanisée par rapport à notre visite de 2005.
Espérant et souhaitant que vous preniez en compte nos remarques, et en attendant vos réponses, nous vous souhaitons une bonne fin d’année.
Claire et Henri Rogé
Claire et Henri
RetraitéEs
La Trinité-de-Thouberville
CENTRE HISTORIQUE MINIER
Bonjour,
Lors de votre visite, la crise sanitaire imposait un certain nombre de restrictions, dont l’objectif était de protéger les visiteurs comme les équipes du musée. Néanmoins, nous tenons à vous assurer que le protocole mis en place pendant cette période ne réduisait ni la durée de la visite, ni les explications fournies pendant celle-ci ; il n’y a donc pas eu de perte d’explications sur la culture minière par rapport aux légères adaptations du parcours.
Par ailleurs, le parcours de visite guidée a effectivement évolué depuis 2005 : nous évaluons régulièrement la satisfaction de nos visiteurs par le biais d’enquêtes. Celles-ci ont révélé qu’une majorité de visiteurs jugeaient trop longue la visite guidée d’1h30. C’est pourquoi il a été choisi de la raccourcir à 1h, en sortant du circuit guidé la salle des pendus et la lampisterie. Ces deux espaces ont été équipés d’une muséographie permettant aux visiteurs de les découvrir par eux-mêmes en visite libre, comme le sont les autres lieux de la fosse Delloye et les expositions permanentes et temporaires. Une vitrine dans la lampisterie permet de visualiser l’évolution des lampes de mine, depuis les toutes premières bougies jusqu’aux lampes au chapeau.
Concernant les grèves, elles sont évoquées dans l’exposition permanente « Les trois âges de la mine » et le sujet a été détaillé dans une précédente exposition temporaire « Héros ou martyrs », dont le contenu est disponible dans l’ouvrage du même nom à la boutique du musée. L’histoire du monde de la mine est en effet si vaste que toutes les thématiques ne peuvent être détaillées dans le musée ; celles-ci sont développées dans les expositions temporaires qui font ensuite l’objet d’une publication.
Enfin, à propos des témoignages d’anciens mineurs en vidéo, le travail est en cours 😊.
Nous vous remercions d’avoir pris le temps de nous transmettre ce commentaire détaillé et de votre intérêt pour notre musée.